La voie ferrée sur béton pour la grande vitesse. Où en est on ?
Un concept ancien, longtemps réservés aux
transports urbains.
Dès le milieu des années 1950 des bureaux d'étude anglo-saxons ont conçu et fait réaliser des voies ferrées en béton sans traverses, en scellant des selles support de rails directement dans une dalle en béton (voie ancrée ou voie sans ballast, en anglais Direct Fastening Fixation, DFF, ou ballastless track,).
Les voies ferrées posées sur béton ont commencé à apparaitre en France dans les années 1970 à l'occasion de la construction de la ligne A du RER de la région parisienne dans les ouvrages de La Défense donnant lieu à la première réalisation notable d'une voie ferrée posée sur des traverses en béton calées dans du béton.
Il s'agit à notre connaissance de la première réalisation du système Stedef consistant dans l’emploi d’une traverse en béton de forme adaptée pour s’insérer dans un chausson en matériau élastique et amortisseur.
Les traverses en béton armé sont monobloc, ou bi blocs reliés par une entretoise métallique, similaires, à l’adaptation au chausson près, à celles employées sur les voies posées sur ballast Les traverses ainsi équipées sont assemblées par panneaux, réglées, puis calées dans un béton généralement sans armatures.
Les selles de la voie ancrée sont fixées aux rails. L’ensemble est posé et réglé par longueur de 18 m sur des mannequins, puis scellé dans un béton armé. Les armatures sont posées et réglées sur la couche de fondation de voie avant la pose des mannequins.
Les voies posées sur béton sont largement utilisées, pour le passage de voies
ferrées en tunnel pour des raisons de hauteur, et sur ouvrages d'art pour
réduire les charges permanentes dues à la voie. Les exemples sont
nombreux : métros fer et sur pneus, VAL, métros légers et tramways, Tunnel
sous la Manche, et plus récemment, CTRL2, tunnel de Marseille du TGV
Méditerranée.
Sur le plan de l’économie des projets et de l’exploitation, la voie sur béton coûte un peu plus cher à l’investissement, par contre elle réduit considérablement les couts d’entretien (plus de bourrages et de dressages de voies). La disponibilité des voies est également nettement accrue, ce qui permet d’accroitre les circulations.
Sur le plan des qualités mécaniques et physiques, la voie ferrée sur ballast amortit les bruits et les vibrations du roulement, mais pas ceux du freinage. Elle est parfaitement bien drainée des eaux de pluie, et offre un bon isolement électrique des rails par rapport au sol (important en traction à courant continu, métros, VAL, tramways, en raison de l’apparition de courants vagabonds).
Les voies sur béton depuis la conception originale se déclinent en différentes versions offrant une large gamme de performances d’amortissement des vibrations, par contre elles absorbent en général mal les bruits, ayant plutôt tendance à les réverbérer. De plus les voies avec revêtements (tramways) sont plus difficiles à drainer et isoler électriquement.
La voie ferrée posée sur béton perspectives. Vers
la grande vitesse ?
Sur le plan du domaine d’emploi, on notera à l’énoncé des
exemples cités ci-dessus, que ces voies n’ont jamais été employées pour des
vitesses supérieures à
Des expérimentations ont été réalisées par différents
réseaux pour tenter de généraliser l’emploi de ces types de voies à la grande
vitesse (
Il est intéressant de rappeler un certain nombre de concepts de voie sans ballast qui ont été réalisés et sont employés régulièrement, ou seulement en test pour des vitesses supérieures à 200km/h (voies en exploitation au japon, voies d’expérimentation réalisées par la DB dans la fin des années 1990, par les NS à Best en 1998 en vue du projet HSL Bruxelles Amsterdam, par la Renfe à Castellon près de Valencia, par la SNCF en 2006 près de Meaux sur la LGV Est).
De nombreux projets de lignes à grande vitesse en construction et en gestation sont intéressés par l’emploi de la voie sans ballast comme mode principal, ou unique pour la réalisation des voies ferrées (HSL, prolongement est de la LGV Est, liaison Beijing Tianjin Shanghai, etc.).
Les nombreuses variantes de conceptions plus ou moins liées à des modes opératoires innovants dans le domaine du chemin de fer vont faire l’objet de comparaisons serrées, dans lesquelles on verra sans doute se mêler aux aspects techniques d’autres considérations qui ne seront pas seulement économiques ou de gain de productivité.
Parmi les systèmes en essais les concepts à base de traverses callées dans le béton, Rheda 2000 de Pfleiderer et Stedef de Sateba, et surtout ceux de type DFF réalisés par des procédés pouvant être automatisés comme Appitrack d’Alstom, devraient émerger assez rapidement.